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Critique de Savage

par Jack! le mar. 10 nov. 2015 Staff

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Pat Mills, scénariste anglais reconnu, aussi bien en Angleterre pour la création du célèbre magazine 2000AD et ses nombreuses contributions à l'univers du Juge Dredd que pour ses travaux européens (Requiem, Sha), revient dans nos contrées avec Savage, un récit publié en France par Delcourt et illustré par nulle autre que Charlie Adlard. Pour la petite histoire, Bill Savage apparaît pour la première fois en 1977 dans les pages de 2000AD #1 sous le titre Invasion ! L'histoire est alors située dans un futur proche, en 1999, et présente l'Anglais Bill, combattant de la liberté, affrontant la première force d'invasion volgan dans un récit qui s'inspire autant de la Guerre Froide que du régime Bulgare d'après-guerre, en passant par les actions de l'IRA. Savage n'est alors qu'une portion de la saga Volgan War que développe aussi l'auteur dans les récits futuristes ABC Warriors et Ro-Busters. Mais c'était le Savage d'avant, celui de 77', fou, sauvage, irrévérencieux, uni-dimensionnel et violent. La différence avec le Savage d'aujourd'hui (qui n'en est pas moins sauvage, fou et violent) c'est que la série se présentait alors comme un récit d'anticipation fondé sur la peur du puissant monobloc russe. Mais la réalité de Savage n'est plus une dystopie ''à venir'', elle a été rattrapée par les années, transformant l'anticipation en une allégorie de l'Histoire humaine (la récente invasion de l'Ukraine par la Russie ne rend la description du quotidien des habitants qu'encore plus poignante). Il n'est donc pas surprenant que Bill Savage renaisse lui-aussi de ses cendres, s'éloignant de la version de '77 (en interrogeant ses ennemis sur le mystérieux projet phénix, comme quoi !). Les premières pages présentent le ''suicide'' de Bill et enchaîne avec sa résurrection sous les trait de son frère Jack avant qu'il ne pille l'identité de son autre frère Tom pour approcher le président volgan. Car c'est toute l'histoire de Bill Savage; celle d'un punisher mort le jour où sa femme et sa fille ont été raflées par un obus et qui utilise depuis ses proches pour parvenir à ses fins. Pat Mills voulait étoffer son personnage, il en a pourtant fait un homme vide, portant un nom de famille qui ressemble plus à une vocation qu'autre chose: Sauvage. ''Nous sommes le Peuple'' déclare Bill Savage avant d'abattre son dernier ennemi. Il ne peut rien être d'autre. C'est aussi cette résurrection qui confère au récit un libre accès pour les lecteurs français malgré le lourd passif de son personnage en titre. Car Bill Savage n'est pas tout jeune comme nous l'avons vu et il n'a pas non plus fini de casser du volgan (ses aventures se poursuivent maintenant sous le crayon de Patrick Goddard) dans une bonne histoire de guerre, dégueulasse, rythmée et qui ne manque jamais de renouveler ses intrigues (le troisième chapitre part sur une toute autre piste avant de revenir à la guerre volganne en fanfare). C'est peut-être aussi pour cette raison que Delcourt publie seulement cette portion de Savage (sortie il y a pourtant presque dix ans de l'autre côté de la Manche) en capitalisant sur le nom du dessinateur Charlie Adlard. L'entreprise laisse un goût amer au lecteur qui pourrait avoir l'impression d'être pris pour un mulet (''Par le dessinateur de Walking Dead'' clame la couverture, on le saura) s'il décide de vraiment s'intéresser à l'histoire de Savage qui ne paraîtra probablement jamais dans l'Hexagone.

En bref

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