Trois jeunes gens, black, blanc, beur, réunis par hasard, avancent à tâtons dans la vie, entre quotidien de galère ou petites arnaques. Ce ne sont pas de gros délinquants, pas des anges non plus, justes des post-adolescents qui cherchent à s’en sortir. Et un jour, bêtement, pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment et avoir eu une réaction humaine mais inappropriée, leur quotidien déjà chancelant bascule. Ordures, c’est le double sens de leur travail et de ce qu’ils peuvent devenir. Il en faut souvent tellement peu. Le dessin noir et blanc fixe le récit dans une réalité grise, comme si la poisse, la pluie, le décor déliquescent d’une usine promise à la destruction et déjà habitée par les rats, tout l’environnement strié de hachures rageuses, tout concourt au ressenti du malaise de ces êtres de spleen. Un récit réaliste dont on craint le dénouement tragique dans le prochain et dernier tome.