Oh Bonne Mère !

Sato Hirohisa s'est déjà fait remarquer par son troublant manga de vampire Shigahime également paru aux éditions Mangetsu et disponible en cette fin d'année sous forme de coffret integrale.

Ce mangaka manie les fils de l'horreur physique et psychologique avec un certain brio mêlant le trouble et la sensualité dans des tonalités plutôt inconfortables mais prenantes. On en redemande et quoi de mieux justement que sa nouvelle série Mother Parasite toujours édité par Mangetsu qui vient de trouver l'un de ses mangakas fétiches ?

Bien évidemment, Mother Parasite est un seinen qui ne plaira pas à tout le monde. Le mangaka adore jouer avec le glauque et le malaise. C'était déjà le cas avec Shigahime et son atmosphère érotico-gore où une belle vampire manipulait de jeunes lycéens pour assouvir ses besoins. C'est d'autant plus le cas ici où l'auteur va traiter de la relation mère/fils dans un thriller psychologique ambigue dans la lignée des Liens du sang.

Mother Parasite est centré sur le point de vue de Ryota, un collégien intelligent et manipulateur qui entretient une relation en apparence paisibile avec sa mère adoptive Sanae. Un jour, Ryota vient en aide à Kaoru Kasai, un collégien persecuté. Ce dernier  est noyé par l'amour surprotecteur de sa mère Rika. Pour une raison inexplicable, Ryota, fasciné par Rika, décide de se rapprocher de Kaoru et donc de sa mère. Car,  après tout, pour Ryota, "l'évolution de la vie n'est qu'un long, très long chemin à la recherche de la mère parfaite". 

Mother Parasite est en quelque sorte un miroir inversé de Shigahime. Dans ce dernier manga, une femme adulte manipulait des collégiens. Ici, c'est l'inverse avec un collégien qui joue avec les sentiments maternels et dont les victimes sont a priori des mères ou des femmes célibataires. C'est en tout cas ce que laisse aisément deviner ce premier tome qui dévoile ce qu'il faut d'informations sur Ryota, un orphelin qui a priori a été adopté par diffèrentes mères. Sa mère actuelle, Sanae, ne semble pas être la première. La question est bien évidemment sous-entendue : qu'est-t-il arrivé aux autres ? 

Et devant le comportement à la fois meanaçant, aimable et délicat du jeune homme, on peut s'attendre au pire...

C'est une nouvelle figure de psychopathe que le mangaka Sato  Hirohisa dépeint dans cette nouvelle série. Un gamin manipulateur, brillant, un peu pervers qui joue avec les émotions maternelles. Sa relation avec sa mère Sanae semble paisible. Pourtant, cette dernière semble craindre les réactions du jeune homme et fait tout pour être une bonne mère tandis que Ryota note tout ce qui ne lui convient pas chez elle dans un carnet. Le mangaka pose les bases d'une ambiance tordue assombrie d'abord par les émotions des personnages et par l'exploitation assez malsaine de la relation fusionnelle mère-fils. Attention, certaines cases sont assez dérangeantes et nous retrouvons cet érotisme malsain déjà présent dans Shigahime en plus exarcerbé puisque nous sommes ici dans un contexte presque oedipien. D'ailleurs, la figure du père est totalement absente de la série ce qui donne un caractère très huit-clos et déséquilibré à ce cocon familial sur le point de devenir un piège vénéneux. IMother Parasite porte bien son titre et cet antagoniste interessant qu'est Ryota a tout d'une vraie saloperie qui vient se greffer dans la relation maternelle. 

Pour l'instant, ce premier tome expose doucement cette intrigue toxique. Il use de quelques flash-backs rapides sur les motivations de Ryota sans trop en dévoiler et aiguise peu à peu du suspense psychologique en laissant deviner une confrontation entre les mères. 

Ce sinistre jeu de manipulation peut commencer et on s'amusera du dessin follement expressif du mangaka qui joue aussi bien avec les émotions de ses personnages qu'avec ceux du lecteur.