Dolce Vita romaine

On n’est pas sur du lieu et de la date exacte où a été peint ce tableau de Velázquez. A l’époque de son élaboration en tous cas, la très catholique Espagne n’est pas un lieu propice à un tableau de nu. Aussi, la probabilité est grande, comme le propose Cornette, que cette peinture ait été réalisée à Rome.

Velázquez s’y trouve, selon son emploi et titre, pour ramener de nouvelles œuvres d’arts, tableaux et statues, au roi Philippe IV et réaliser le portrait du Pape. Portraitiste de talent, il ne s’est alors jamais essayé au nu. L’ambiance de Rome, la légèreté de la vie en ce lieu, les œuvres qu’il découvre, tout cela l’amène à souhaiter peindre le corps dans sa plus simple nudité.

Mais, pour l’homme prude et de principe qu’il semble être, cette démarche est complexe et l’ébauche a du mal à se transformer sans modèle. Par un heureux concours de circonstances, le modèle se présente en la personne de la sœur de son hôte. A travers elle, vient aussi l’amour, simple, fou et évident, et le pêché aussi. Ce déferlement de sentiments donne une œuvre d’art majeure dont on suit les arcanes humains de la création.

Mattéo montre ici une nouvelle facette de son talent, orientant son trait plus vers la peinture que le dessin. La mise en scène de chaque case semble souvent travaillée comme un tableau, de natures mortes en jeune fille se mirant dans un miroir.

Tout l’ouvrage respire la fraicheur et est éclairé d’une douce lumière. Comme si le dessinateur avait souhaité donner vie à la parenthèse enchantée que s’accorde Velázquez à Rome.

Un ouvrage au style proche de la peinture pour conter avec humour et tendresse, un moment de vie de lâcher prise du peintre Velázquez, lors de son séjour à Rome, d’où émergera le tableau ‘Vénus à son miroir ».