Libérée, délivrée

C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Un peu triste parfois, mais belle.

Josy, le jour de ses soixante ans, profite de sa famille attablée et, sans souffler les bougies du gâteau, annonce tout de go qu’elle part, dans son vieux Van Volkswagen. La lassitude du quotidien, la manque d’amour devenu simple tendresse, l’incompréhension de ce que sont devenus ses enfants, tout concourt à cette fuite ; Une fuite qui pourrait être un nouveau départ.

Elle ne va pas très loin Josy. Elle échoue son Van sur un parking enneigé, près d’une caravane, où vit une jeune mère célibataire avec son jeune enfant de huit mois. Elle essaie petit à petit de reconstruire sa vie. Mais faire comprendre à ses enfants, en les considérant comme les adultes qu’ils sont devenus, que c’est un choix réfléchi et courageux est mission impossible.

T out quitter d’un seul coup est difficile. Surtout quand elle tombe amoureuse d’une femme d’environ son âge, partie comme elle en laissant la platitude et l’indifférence d’un quotidien familial routinier.

Cela finit par l’effrayer, jusqu’à ce que la nouvelle de la mort tragique de son amie ne la ramène à la maison. Après avoir gouter à nouveau à la liberté, à l’indépendance et à la vérité des sentiments, est-il vraiment possible de s’effacer ? D’éteindre à jamais la lumière dans ses yeux, le rire sur ses lèvres, pour retourner à un terne quotidien ?

Les auteures nous proposent un récit tendre et sensible, sur un dessin gracile qui magnifie les personnages et rend visible les non-dits.

Nombreuses, nombreux, sommes-nous à s’être questionnés au moins un jour sur les chaînes qui nous lient, les sentiments qui s’effritent, le quotidien qui nous tue. Les deux auteures ont su parfaitement illustrer ce questionnement à travers l’histoire de Josy, une jeune grand-mère de soixante ans, qui ose remettre sa vie en question et fait face avec courage au ressentiment des siens.