Retour vers le passé : Hercule contre les Vampires (1961)

 

Le succès des Travaux d'Hercule avec Steve Reeves (sorti en 1958) fut le déclencheur du dernier grand courant du peplum avant que ce genre né avec le muet ne commence à déserter progressivement les salles de cinéma : le "peplum musculeux", peuplé de héros à la force surhumaine comme Hercule, Maciste, Goliath ou encore Ursus. Steve Reeves n'a interprété le rôle d'Hercule qu'à deux reprises, il fut ensuite suivi par une longue liste de comédiens et athlètes venant principalement des Etats-Unis comme Mark Forest, Ed Fury, Brad Harris, Dan Vadis et Gordon Scott

Mais l'un des Hercule les plus célèbres de cette époque était en fait de nationalité anglaise, Reg Park. Couronné Mr Univers à trois reprises, propriétaire de salles de culture physique et créateur de magazines culturistes, Reg Park fut aussi le mentor et l'ami de Arnold Schwarzenegger, qui le cite comme l'une des influences majeures de sa carrière. La carrière d'acteur de Reg Park fut relativement courte, puisqu'elle ne compte que 5 films italiens : trois Hercule (Hercule à la conquête de l'AtlantideHercule contre les VampiresLe défi des géants), un Maciste (Maciste dans les mines du roi Salomon) et un Ursus (La Terreur des Kirghiz). 

Comédien au registre (très) limité (mais ce n'est pas vraiment ce qu'on lui demandait), Reg Park a su imposer à l'écran son impressionnante musculature et sa présence rassurante et sympathique et a fait de son Hercule l'un des plus appréciés des fans dans une petite série de films qui comptent parmi les plus originaux du genre.



À la réalisation de Hercule contre les Vampires, on retrouve Mario Bava pour son deuxième film (officiel) après l'excellent Le Masque du Démon. Ce n'était pas la première expérience de Bava dans le registre du peplum puisqu'il avait déjà officié en tant que directeur de la photographie et responsable des effets spéciaux sur les deux Hercule de Steve Reeves. Pour Hercule contre les Vampires, qui voit le Demi-Dieu affronter les manipulations du roi Licos et se rendre en enfer pour sauver l'âme de sa bien-aimée Déjanire, Bava ne disposait pas d'un budget mirobolant, loin de là. Il dut dont limiter les scènes à l'extérieur pour se concentrer sur un tournage en studio. 

Une partie des décors de Hercule à la la conquête de l'Atlantide fut donc réutilisée pour les séquences se passant dans le temple de Licos. C'est à l'occasion du séjour de Hercule et de ses deux acolytes en Enfer que Bava laissera éclater son talent pour les atmosphères étranges et surréalistes, soulignées par des éclairages ingénieux et des techniques d'effets spéciaux artisanales pour insuffler une ambiance particulière à ce qui n'est au final que quelques murs et rochers de carton-pâte assemblés dans un studio (sa magie fonctionnera de la même façon en 1965 pour La Planète des Vampires).

On reconnait bien la patte Bava dans ces moments qui confinent à l'horreur, comme lorsque des goules surgissent de terre pour poursuivre notre héros ou que le visage de Christopher Lee se reflète dans une flaque de sang, qui donnent à ce film une petite touche morbide bienvenue. 



Le scénario est tout de même assez basique et les tentatives d'humour sont un peu trop forcées (Telemaque est ici bizarrement un comparse bien lourdingue). Mais ces réserves s'effacent devant la qualité du divertissement proposé et la beauté plastique de cette réjouissante série B fauchée.

À noter que le titre français de Ercole al centro della Terra est hautement fantaisiste. La présence de Christopher Lee, Dracula himself, en grand méchant, et l'ambiguité entretenue autour de son personnage, ont du influencer le distributeur de l'époque, mais il n'y a en fait pas le moindre vampire à l'horizon dans ce séjour du fils de Zeus en Hadès !

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