Tournedos Rossini meurtrier
Ils sont de retour pour nous jouer un mauvais tour ! Voici déjà l'heure d'une nouvelle aventure détectivo-culinaire comme seule Akiko Higashimura sait en concocter !
J'avais pris grand plaisir à découvrir le concept un brin barré du nouveau manga de l'autrice publié chez Delcourt-Tonkam. Je suis heureuse de voir qu'elle le prolonge dans ce nouveau tome consacré à un nouveau crime où notre détective par meurtrier opposé va continuer à affronter sa némésis.
C'est vraiment une idée originale que d'assortir à chaque histoire une aventure culinaire et un meurtre. Dans ce tome, il s'agit de faire la lumière sur un critique culinaire amateur mort en s'étouffant avec du pain dans un chic restaurant français à Tokyo. A travers lui, l'autrice critique notre manie actuelle de tout tout commenter sur le net même quand on ne s'y connaît et ici, surtout, le côté très pingre des gens qui préfère un restaurant pas cher et correct à un très bon restaurant pour lequel il faut mettre le prix afin d'avoir de la grande cuisine. Étant moi-même amatrice de bons petits plats, j'ai parfaitement entendu sa critique et trouvé son regard acéré assez juste sous la caricature brossée jusqu'à l'extrême où on voit des gens adorer un restaurant concept où on mange debout parce que c'est hype et pas cher lol
L'aventure se lit d'un trait et occupe l'ensemble du tome. On y retrouve notre dandy détective toujours aussi classe et clinquant mais également sec et manipulateur. J'adore le duo étrange et décalé qu'il forme avec Kobayashi, la vendeuse / cuisinière du food truck voisin. Ils sont tordant ensemble, elle avec son naturel, lui avec ses grands airs. L'autrice s'amuse comme une petite folle avec eux et nous aussi, faisant d'eux des Lupin modernes quand ils s'agit d'enquêter et se déguiser. Tout est pimpant dans ce titre. On saute d'une page à l'autre au cours de l'enquête car c'est frais et pétillant. L'autrice dose juste comme il faut l'humour grinçant qu'on lui connaît et ses envies de douces moqueries, comme avec la police qu'elle ridiculise à chaque fois. C'est très drôle.
Cerise sur le gâteau, au fil des chapitres, un peu comme dans Killing Eve, elle mitonne une relation très ambiguë entre notre détective et une ancienne cliente à lui devenue une tueuse manipulatrice, utilisant des hommes et femmes à distance pour commettre ses méfaits et alléger leur conscience, fabriquant par là-même de nouveaux meurtriers. Cette mante-religieuse est fascinante à suivre et j'ai adoré le parallèle fait entre elle et la Mona Lisa mystérieuse de Da Vinci dans ce tome. L'atmosphère française so chic parisienne est d'ailleurs superbe, clinquante à souhait et bien clichée, presque comme dans du Woody Allen ^^
En bref
Savoureux divertissement gastro-chic et énigmatique, ce policier culinaire est aussi savoureux que les cuisines qu'on y croise. Amateur de crimes à la Agatha Christie avec ce petit côté chic, humoristique et grinçant, venez déguster les plats toujours savoureux et épicés de la chef Higashimura, vous aurez envie de vous resservir !
Positif
Une ambiance de petits meurtres savoureuse
Un humour grinçant
Une critique de notre société de consommation
Des personnages décalés amusants et détonnants
Une enquête très plaisante à suivre
Un fil rouge toujours aussi intriguant
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