Pas sûr d'avoir tout compris

Garth Ennis est un nom qui me fait acheter sans trop réfléchir. Même si vous ne lisez pas énormément de comics vous avez forcément déjà entendu parler d’une œuvre ou d’une adaptation d’un récit de Garth Ennis.

C’est un auteur avec plusieurs casquettes que je catégorise en 3 catégories : il y a le Garth Ennis fan d’Histoire et plus particulièrement de guerre avec de très bons récits tels que Out of the Blue, Sara ou encore son hommage à Johnny Red (the hurricane) que je ne peux que vous conseiller. Ces différentes histoires sont hyper documentées, ce qui rend les albums intéressants en plus d’être divertissants. Ensuite il y a le Garth Ennis bourrin et sans limite avec par exemple The boys, Punisher (Max) ou encore Preacher (pour moi la meilleure chose que j’ai lue en comics encore aujourd’hui). Et pour finir, il y a le Garth Ennis horrifique, celui que j’apprécie nettement moins, avec par exemple Caliban et A walk through hell dont on va parler aujourd’hui.

Comme je vous le disais, c’est le Garth Ennis écrivain d’horreur qu’on retrouve ici et c’est toujours une petite déception pour moi qui suis vraiment plus admiratif de ses deux autres facettes. De base pas spécialement d’horreur, je n’ai pas trouvé d’intérêt spécial à ce récit en deux tomes édités chez nous par Black river (12 chapitres au total) et honnêtement je ne suis pas certain d’avoir tout compris ; je reviendrai sur ce point en fin de critique.

Les personnages sont intéressants avec des personnalités différentes qui permettent à l’auteur d’aborder des sujets de sociétés mais est-ce réellement le genre de lecture qui se prête à cet exercice ? C’est également la question que je me suis posée lorsqu’à plusieurs reprises il cale des critiques acides à la politique de Trump de manière déguisée. Je comprends parfaitement l’envie de placer une critique sur quelque chose qui tient à cœur mais dans le ton global, j’ai trouvé que ça faisait un peu tâche et que la partie “sans limite” d’Ennis s’invitait dans un album dans lequel il n’avait pas réellement sa place.

Tout ça pour dire que l’histoire principale est un peu polluée par plusieurs petites histoires annexes sans réel intérêt, ce qui m’a donné une impression de longueur.

C’est Goran Sudžuka qui illustre cet album. J’aime bien son style qui me fait penser à celui d’Azaceta (même si je préfère ce dernier) et ses planches sont bien dans le ton du récit. Les délires horrifiques d’Ennis sont bien mis en image et le “méchant” est charismatique sans avoir besoin d’être menaçant, un peu à la façon de celui dans Seven.

La mise en couleur par Ive Svorcina participe beaucoup à l’ambiance grâce aux palettes choisies et le travail qu’il effectue sur les ombres.

Le problème principal de ce récit vient pour moi de l’édition et notamment du travail de traduction. Tout d’abord il y a plusieurs coquilles et ce dès le premier album, ce qui n’aide pas, mais en plus je n’ai pas tout compris parce que j’ai eu cette impression de traduction “bulle par bulle”. C’est difficile de traduire un comic-book, je le conçois, surtout quand l’auteur joue beaucoup sur le contexte comme ici mais j’ai trouvé que la traduction n’est justement pas assez contextualisée pour qu’on puisse en apprécier la lecture. C’est étonnant parce que ce n’est clairement pas le premier album traduit par Philippe Touboul que je lis et je n’avais jamais eu cette impression avant.

Par curiosité, j’ai réussi à me procurer les 2 premiers chapitres en VO pour confirmer mon sentiment et en effet, j’ai trouvé cela plus limpide ; l’anglais faisant passer certaines choses plus simplement que le français.

Sinon les matériaux utilisés sont de bonne qualité et j’ai trouvé que les couvertures donnaient bien envie.