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Critique de Le royal fondement #1

par MassLunar le mer. 12 avril 2023 Staff

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Quand l'Histoire débarque par la petite porte...

Tout le monde connait Louis XIV, le grand roi-solei, symbole d'une période glorieuse de Renaissance et de raffinement...Mais peu de personnes connaissent la fameuse fistule du roi-soleil, celle à l'origine d'un hymne nommé "Le grand dieu sauve le roy" composé par le fameux Lully et chanté par les Demoiselles de Saint-Cyr durant cette anecdotique mais ô combien royale ablation de la fistule du roi . Une théorie déclare que cet hymne aurait inspiré l'hymne britannique God save the queen, rien que ça.

C'est à partir de cette anecdote burlesque que Philippe Charlot au scénario et Eric Hubsch au dessin vont venir tisser une agréable et délirante fiction humoristique et historique sous le doux titre du Royal Fondement

Le Royal Fondement se déroule à travers le point de vue de Geoffroy, fils de boucher et aspirant barbier qui possède un talent caché pour la chirurgie. Geoffroy, grâce au sauvetage d'un homme de la noyade, se fait remarquer auprès de la cour royale et surtout auprès du roi qui lui ordonne de devenir l'apprenti du maître-chirurgien de l'époque Charles -François Tassy. L'enjeu est de taille pour l'ambitieux Geoffroy d'autant plus que le roi est en train de souffrir d'un abcès très mal placé. Mais alors que l'opération fatidique approche, un complot se trame pour assassiner le roi...

Une bonne petite comédie que ce royal fondement qui s'amuse d'une petite anecdote assez génante autour de la royauté pour tisser un regard espiègle et en même temps réaliste sur la médecine chirurgicale de l'époque. L'idée de s'inspirer de la fistule de Louis XIV pour en tisser une comédie décalée mais aussi enrichissante est tout simplement bien trouver et le lecteur s'amusera de ces méthodes de bouchers qui formaient la médecine chirurgicale au XVIIème siècle.

Les anesthésis étaient inexistantes. L'alcool servait surtout à rincer le gosier du chirurgien-chef entre deux opérations délicates tandis que d'autres docteurs utilisaient surtout des bains et des clystères aux fruits rouges pour soulager les douleurs annales d'un roi vieillissant. Forcément, de nos jours, tout cela parait bien grosteque mais c'est justement ce même humour grotesque que les auteurs mettent en valeur dans cet album qui joue un peu sur le délire et la répulsion autour de ces méthodes aussi brutales qu'innéficaces. 

Bien sûr, cette comédie ne cherche pas à écoeurer son lecteur et c'est à travers des hors-champs bien dessinés que se devine la barbarie débile de la chirurgie. On relève un bel équilibre entre humour burlesque et satire sociale typique d'un Molière et la description sans concession des méthodes chirurgiques d'alors où des pauvres bougres venaient se faire charcuter chez le chirurgien-chef. Ce dernier , sans se poser trop de questions, procédait aussitôt à l'amputation et tout cela sous le regard plus progressif du jeune barbier, un homme issu du peuple, qui connait par expérience certaines méthodes de guérisson plus efficaces comme par exemple l'utilisation de pruneaux pour soulager la constipation...

Derrière l'humour omniprésent se glisse un rapport social fort entre l'aristocratie et le peuple et dans un humour typiquement hérité de Molière, les auteurs s'amusent à dessiner toute une petite galeries de personnages burlesques à commencer par Geoffroy, un jeune homme un peu trop ambitieux qui rêve de perruques poudrées ou bien le chef-chirurgien un peu alcoolique jusqu'à la figure du roi, un pauvre vieillard rongé par sa fistule qui montre pourtant une certaine détermination et apprécie les bons traits d'humour. La bd bascule même dans une intrigue criminelle et de complot meurtrier autour de l'opération de la fistule ce qui donne lieu à une bonne séquence de suspense. 

Ainsi, les auteurs ne s'amusent pas simplement à nous conter l'histoire mise en fiction de la fistule du roi Louis XIV mais ils délivrent toute une trame emprunt de réalisme et de satire sociale qui donne beaucoup d'étoffe et de coeur à cet album même si certaines couches de l'intrigue sont parfois un peu prévisibles comme la relation amoureuse de Geoffroy ou la figure des comploteurs qui apportent un peu d'enjeu sans être transcendant à l'histoire. Mais en somme tout ces ingrédients se marient bien pour nous concocter un bon moment de lecture qui ne tombe jamais dans la vulgarité excessive. 

Le Royal Fondement est d'ailleurs servi par le dessin délicieux d'Eric Hubsch qui emploi un style légerement caricatural avec tout de même pas mal de finesse qui met aussi bien en valeur l'aspect burlesque de l'histoire mais aussi un revers plus dramatique, notamment lors des planches chez le maitre-chirurgien. 

En bref

Le Royal Fondement abrite derrière cette anecdote cocasse de la fistule du roi une intrigue historico-comique bien relevée, traitée avec finesse et équilibrée entre la dure réalité des méthodes chirurgicales et barbares du temps de cette belle Renaissance avec un humour burlesque et satirique qui n'aurait peut-être pas déplu à un certain Jean-Baptiste Poquelin. Un bon moment de lecture sur une face très sombre de l'Histoire....

8
Positif

Une comédie historique qui met aussi bien en valeur la dure réalité des méthodes chirurgicales du XVIIème siècle qu'un ton décalé et burlesque traité avec finesse

Un bon moment de lecture servi par un dessin chaleureux mais parfois brutal qui joue aussi sur la suggestion

Negatif

Quelques éléments de l'intrigues pris à part qui se révèlent pas forcément des plus relevés comme le complot criminel.

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