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Critique de Naduah #1

par Korail le jeu. 7 avril 2022 Staff

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Un double déracinement

En 1836, lors d’un raid indien à Fort Parker au Texas, Cynthia Ann Parker, une petite fille de colon est enlevée à sa famille. Au printemps 1860, vingt-quatre ans plus tard, elle est retrouvée et ramenée à sa famille. De force.

Entre les deux enlèvements, une vie d’amour et de famille, une vie d’Indienne, épouse du chef. Elle n’est plus Cynthia Ann Parker, elle est devenue Naduah, la squaw aux yeux clairs. Et cela, personne ne veut l’entendre. Seule une petite fille malicieuse et un peu sorcière, Anabel, parviendra à comprendre Naduah et essaiera de l’aider. Ce personnage, inventé par l’auteur, est intéressant. Il aurait pu être anachronique tant il semble naturel de sauver Cynthia Ann, de l’arracher à la sauvagerie des Indiens mais le fait d’utiliser la voix d’une petite fille un peu rebelle le rend crédible et permet d’entendre la voix de Naduah. Anabel est celle qui comprend Naduah, celle qui la traduit, celle qui la fait s’exprimer à travers le dessin.

La construction de l’œuvre au niveau graphique et scénaristique utilise la symétrie des enlèvements : deux scènes presque identiques, un seul traitement de la violence en rouge avec des chevaux et des hommes, et l’enlèvement d’une fille-femme avec un bébé.

Côté dessins, j’ai beaucoup aimé le trait crayonné de Vincent Sorel, ses personnages anguleux et très expressifs, les couleurs à dominantes ocre et bleu. L’introduction des dessins naïfs de Naduah dans la narration apporte une touche de réalisme : cette histoire est romancée mais Cynthia Ann Parker a bien existé. J’ai aussi beaucoup apprécié les grandes illustrations sans texte : avec Naduah, Vincent Sorel prend son temps, instaure des respirations dans le récit. Un petit bémol pour le choix du noir en couleur de fond de couverture, je trouve que ça tranche trop avec les couleurs de l’œuvre, qui sont plutôt douces dans l’ensemble.

Naduah pose la question de la réification de la femme dans une société dominée par les hommes : que ce soit par les Comanches ou par les Colons, Naduah est enlevée, on décide pour elle. Cela pose aussi la question de la résilience : malgré la violence de son déracinement, Naduah est heureuse parmi les Comanches, Squaw parmi les Indiens. C’est une belle histoire, touchante.

Avec cette œuvre, Séverine Vidal et Vincent Sorel inventent un nouveau genre, le « slow western », un western qui prend le temps de poser un cadre et de connaître ses personnages, un western où le combat entre les Indiens et les Colons ne prend pas toute la place : c’est réussi.

En bref

Naduah c’est l’histoire de Cynthia Ann Parker enlevée par les Indiens puis par les Colons 24 ans plus tard, c’est l’histoire d’une résilience brisée. Avec cette œuvre, Séverine Vidal et Vincent Sorel inventent un nouveau genre, le « slow western », un western qui prend le temps de poser un cadre et de connaître ses personnages, un western où le combat entre les Indiens et les Colons ne prend pas toute la place : c’est réussi.

7
Positif

le personnage d’Anabel

le trait crayonné de Vincent Sorel

mise en fiction d’une histoire vraie

Negatif

la couverture

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